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Bruno Grande, du fil à l’étiquette

Avec ses collections de vêtements sobres et intemporels réalisés entièrement en Italie, Bruno Grande touche les amateurs d’un prêt-à-porter de niche, chic et responsable
Aux clients qui pénètrent pour la première fois dans la boutique de vêtements pour hommes KA/NOA, située dans le quartier du Flon, à Lausanne, Bruno Grande fait deux promesses. D’abord, il assure que tout ce qui compose chaque pièce est fabriqué en Italie. Du fil à l’étiquette, en passant par les boutons de nacre ou les fermetures éclair. Ensuite, que n’importe quelle pièce de la collection peut être mixée avec les autres. Il suffit de prendre au hasard une chemise, un pantalon, une veste, même une paire de chaussures pour que l’ensemble fonctionne.
Ce principe d’élégance intemporelle, fondé sur des lignes et des couleurs sobres – bleu marine, blanc, gris –, est à la base de la collection qui n’était pas censée être un jour commercialisée. «Tout au long de ma carrière de consultant dans le cadre de restructurations industrielles, j’ai beaucoup voyagé. Afin de me faciliter la vie, j’ai eu l’idée de me confectionner une garde-robe sur mesure pour pouvoir faire ma valise en cinq minutes, explique Bruno Grande. Il fallait des basiques sophistiqués. Pas de motifs ou de couleurs tendance, forcément éphémères. Mais des vêtements contemporains, hyperpratiques et adaptables en fonction du déroulement de la journée type: un rendez-vous business le matin et un café avec un vieil ami l’après-midi. J’ai dessiné des croquis, pris des photos, fait des découpages, et soumis mon vestiaire idéal à des amis du métier en Italie.»

Un pantalon infroissable

Il faut ainsi imaginer un pantalon infroissable. Une veste de moins de 300 grammes. Une chemise en cachemire pressé pour réduire au minimum les mailles. Un manteau en tissu perlé avec des bretelles intégrées dans la doublure qui permettent de le porter à l’épaule pour pouvoir tirer sa valise. Un polo style années 1950 avec un col ouvert sans bouton. Une veste en laine bouillie qui perle sous la pluie, sèche très vite et se ventile en été. «Comme j’avais fait le patron de chaque pièce, l’investissement était le même pour dix pièces que pour 100. Je me suis dit que ma démarche pourrait intéresser d’autres personnes. Alors j’ai présenté ma mini-collection en 2016 et les ventes ont commencé», se réjouit le quadragénaire italien qui vit en Suisse depuis 1999.
Les gens ne savent plus quel est le juste prix des choses. Il y a tellement d’écart, rien que pour un jeans.
Bruno Grande
Cet attrait pour les belles matières, c’est à son père Pietro qu’il le doit. Couturier par passion, il créait des pièces pour ses amis à côté de son travail de tapissier d’intérieur, en parallèle à sa carrière politique en tant qu’administrateur de la ville piémontaise Cavallermaggiore. Bruno Grande se souvient de la veste qu’il lui avait confectionnée pour sa première communion. «Comme mes deux enfants ne l’ont jamais connu, je voulais créer un lien entre eux. Cette collection dont aurait rêvé mon père et qui me titillait depuis vingt ans, je l’ai appelée KA/NOA, à partir des prénoms de mes enfants Kaia et Noha, 12 et 15 ans.»

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